Il est maintenant
Dans ses cheveux broussailles
La balade a glissé les doigts du vent
Et de l’interstice de ses yeux à peine fendus
Elle scrute le souffle de la minute d’après
Pieds nus dans la poussière
Marche devant
Oubliée la valise au carrefour des incertitudes
Il faut bien choisir une route
Et partir allégé de ses poids inutiles
Dans un pré au plumage d’herbes acidulées
La marche précautionneuse d’un héron pourpré
Guide la voyageuse aux mains vides
Et là-bas loin très loin
Le soleil se lève encore par-dessus les brumes
D’un petit-matin qu’elle ne perçoit pas encore
Elle fredonne
Un galet au fond de la poche
Un bleuet piqué au creux de son corsage
Il est minuit
Il est toujours
Il est maintenant
Il est ici le fil tendu d’un rasoir émoussé
Dans la trace de ses pas sur le chemin
Sans peur au ventre
Ni tremblements
Respire
Romane